Faut-il en porter ou pas ?

À force de voir de nombreuses femmes sans soutien-gorge dans la rue et d’en entendre d’autres présentant de fausses bonnes raisons, j’ai tenu à écrire cet article.
Il faut parfois savoir remonter le fil d’une mode pour comprendre et choisir de la suivre ou non.
Car cette histoire de « no bra » (traduire pas de soutien-gorge)  est une tendance sur laquelle on a sur-communiqué. Si vous le voulez bien, tirons le vrai du faux !

Un peu d’histoire

Que portaient les femmes au fil du temps ?

C’est en – 400 avant JC en Grèce antique que l’on trouve l’un des premiers ancêtres du soutien-gorge. Les femmes portent un bandeau de tissu :
le « mastodeton » ou «strophium»  fait de larges bandes de tissu enroulées autour du buste. Ce sont en général des bandes de lin fines.

Femme portant un strophium, villa romaine du Cesale à Piazza Armerina (Sicile).

Au début du Moyen-Age les femmes plus modestes portent une simple chemise en guise de sous vêtements, celle de la paysanne est en toile de chanvre, lin, ortie, celle de la bourgeoise ou de la châtelaine est en laine ou coton.

À la fin du Moyen-Age la lingerie est constituée d’un corset lacé dans le dos recouvrant un corsage nommé gourgandine. Cette pièce de vêtement permet de rehausser les seins au maximum et laisse pratiquement déborder les tétons.

Des historiens ont aussi retrouvé au château de Lengberg quatre soutiens-gorge datant du Moyen Âge. En Autriche il existait déjà une forme de soutien-gorge à cette époque, comme en témoigne cette découverte.

Au 16ᵉ siècle, arrive le corset classique, qui va emprisonner le corps et la liberté des femmes et ce pendant plus de cinq cents ans ! Il est censé resserrer la taille au maximum pour faire ressortir les hanches et la poitrine. Le corset provoque des fausses couches, des déformations de la cage thoracique et de la colonne vertébrale. 

En 1914 la guerre va bouleverser la vie des femmes. La silhouette féminine change radicalement, les femmes travaillent et se libèrent du corset peu pratique.

Le 27 juin 1889 à l’exposition universelle de Paris une française, Herminie Cadolle présente le  »premier » soutien-gorge moderne. Elle avait comme objectif de libérer et soulager les femmes du corset. 

« C’est le cinéma hollywoodien qui mettra en valeur le soutien-gorge », indique le sociologue de la mode Frédéric Monneyron.

Ensuite en 1968, vient l’histoire les soutiens-gorges  » brûlés » (l’ont ils vraiment étés ?) lors d’une manifestation contre l’élection Miss America à Atlantic City.  Bon nombre de soixante-huitardes qui le voient comme un instrument de domination patriarcale, choissent alors de s’en passer. Cela reste anecdotique, car le Wonder Bra apparaît dans les années 80 et les soutiens-gorges push-up deviennent les plus vendus.

Des études scientifiques sur la poitrine et les soutien-gorges

Une étude sur 33 sportives de 18 à 25 ans. Durée de l’étude 1 an

  • 2009 Olivier Roussel
    Facteurs de l’évolution morphologique du sein après arrêt du port du soutien-gorge : étude ouverte préliminaire longitudinale chez 50 volontaires

Etude sur 50 jeunes femmes sportives sur 3 ans.

  • 2013 Jean Denis Rouillon Kinésitérapeute au CHU de Besançon

Étude menée sur 330 sportives de 18 à 35 ans sur 15 ans.

Le professeur a étudié sur 15 ans des femmes qui ont arrêté de porter un soutien-gorge ou des femmes qui n’en portait déjà pas.

Un groupe de femme portant des soutiens-gorges a été étudié pendant maximum 2 ans.

D’après cette étude le sein se musclerait au point que le téton remonte de 7 mm par an.

Même si de nombreuses études ont cherché à le prouver, aucune étude n’a encore prouvé scientifiquement de lien entre le port du soutien-gorge et les cancers du sein. Méfiez-vous des médiats qui vous dirait l’inverse !

Par contre, une étude représentative faite en Chine sur un grand nombre de femmes a prouvé que dormir avec un soutien-gorge est mauvais pour la poitrine et pour la santé.

Allons faire un tour chez les indigènes

Si vous me lisez depuis quelque temps, vous savez déjà que j’ai passé 2 ans au Brésil et j’ai eu la chance de passer du temps avec une tribu indigène : les Kayapo.

Pourquoi je vous parle de cela ici ?

Tout simplement parce que les femmes de cette tribu ne portaient absolument pas de soutien-gorge. Et ce depuis des générations.

Et voilà ce que ça donne : elles ont bien les seins qui tombent et même les plus jeunes. Pas de risque de téton visible, car ceux-ci sont déjà bien bas.
Aucune donnée par contre sur le nombre de cancers.

Ces femmes ont une vie quotidienne où elles portent des charges : leur mode de vie est naturellement « sportif ».

Cela ne correspond pas avec l’étude, non ?

Les limites de cette étude de 2013

La population étudiée est constituée uniquement de sportives or la femme lambda ne passe pas ses journées à faire du sport.

Les femmes de l’étude ont 18 à 30 ans et sont sportives, elles ne forment pas un échantillon représentatif de la population féminine. Elles vivent toutes en France et cependant ne sont pas non plus un échantillon représentatif de la population féminine française et encore moins de la population féminine mondiale. D’autre part les femmes volontaires pour cette étude ont toutes une poitrine petite ou moyenne.

Le groupe d’études comparatif de femmes portant un soutien-gorge n’est pas réellement comparable, car trop peu nombreux et étudié trop peu de temps (maximum 2 ans)

Cette étude a été surexposée médiatiquement et mérite une étude de plus grande envergure sur une population qui représente réellement
les femmes : toutes les femmes.

Le professeur Roullion le dit lui même :

« Il s’agit d’une étude préliminaire sur des femmes volontaires qui ne sont pas représentatives de l’ensemble de la population mondiale« . D’autant que chaque personne est différente et que « tout dépend de la structure des seins » et bien évidemment également de leur taille.
Ainsi, « une femme de 45 ans en surpoids et avec trois enfants n’a aucun intérêt à arrêter de porter un soutien-gorge« , précise-t-il.

Ce qu’on ne sait pas sur cette étude : est-ce que les femmes volontaires faisait du sport avant d’entrer dans l’étude ? Ou bien ont-elles commencé à en faire plus lorsqu’elles sont entrées dans l’étude ?

Méfiez-vous des enquêtes et des médias, faites la part des choses.

Cette étude a déclenché une mode chez les femmes de moins de 25 ans, la tendance du « no-bra » traduisez sans soutien-gorge. On peut se demander dans quelle mesure elles ne sont pas simplement victimes de la mode et des médias.

Le féminisme s’en mêle

Et c’est là que la machine s’emballe.

Non une femme n’est pas un homme comme un autre et pour cela une femme qui se respecte ne se balade pas torse nu dans la rue !

Revendiquer de ne pas porter de soutien-gorge parce qu’il nous aurait été imposé par les hommes est totalement faux et infondé.

Ne pas en porter pour une question de confort peu être compréhensible, mais pour moi pas au détriment de l’esthétisme.

La morale de cette histoire

Et si les vraies coupables était les armatures ? Ou les matières utilisées ?
Ce ne sont que des hypothèses personnelles…

Les bords extérieurs des armatures sont situées au niveau de ganglions lymphatiques, et d’après certaines études, il deviennent plus paresseux lorsque nous portons des soutiens-gorges avec armature.

Et si finalement tout ce battage médiatique permettait à terme de faire évoluer nos sous-vêtements ?

Respectez vous !

« Couvrez ce sein que je ne saurai voir « 

Molière

Votre choix quel qu’il soit saura rester invisible, le sein faisant partie de l’intime. Donc que vous souhaitiez porter un soutien-gorge ou non, cela ne doit même pas se deviner.

Si vous voulez arrêter d’en porter, vous saurez adapter votre garde-robe en fonction. Exit les débardeurs ou t-shirts (surtout s’ils sont moulants) et toute forme de vêtement transparent. Je vous recommande de porter des blouses avec un caraco en dessous.

Parce que côté esthétique, là c’est vraiment pas possible !

Posez-vous la bonne question : lorsque vous avez un rendez-vous professionnel ou personnel que souhaitez-vous que l’on regarde
en premier ? Votre visage ou votre poitrine ?

Quel que soit votre choix, habillez-vous en conséquence, rien ne doit pouvoir se deviner !